Rencontre avec Fred Fliege à Montpellier
Rencontré à Montpellier, le clinicien, chercheur et enseignant universitaire en psychanalyse et écrivain Fred Fliege révèle le poids de son passé, de son père médecin en connivence avec les SS, de l’Allemagne nazie. Il dresse un véritable réquisitoire contre sa nation dont il porte la honte. Dans son livre Adieu Munich, une enfance allemande, Fred, comme pour s’excuser d’une histoire nihiliste à laquelle ont participé ses parents, tente de se justifier, de renier ses proches. « Au départ, nous sommes tous des spermatozoïdes gagnants. C’est après que ça se gâte. Ma mère avait dix neuf ans quand mon géniteur l’inonda de spermatozoïdes dont l’un triompha des autres. Sa victoire, sans gloire, me gratifia de l’expérience de la vie, ce dont je me serais bien passé ». Une introduction qui en dit long sur sa vie d’enfant maltraité, témoin, malgré son jeune âge, des complicités de sa famille avec les atrocités du Führer. C’est la raison pour laquelle, d’ailleurs, il quitte son pays natal à l’âge de 20 ans pour des « motifs éthiques et politiques ». Par la suite, il a entrepris un grand nombre de voyages en quête d’idéaux. Il a fui son pays, « celui des charognards » pour entamer un travail d’investigation et construire un procès contre les siens. Un procès où seule sera juge l’humanité. « Il existe des tourments qui nous poursuivent notre vie durant, quoi que nous fassions, comme une adversité inéluctable, comme une malédiction. Pour certains, ce sont les pannes de voiture, les déboires avec les garagistes pour d’autres, ce sont les rencontres funestes. Pour moi, c’’était l’’abandon, la violence et le mensonge, encore et encore ». Fred Fliege, un intellectuel en perpétuels questionnements. Chahredine Berriah